Parce qu’elle a appartenu à un homme au destin extraordinaire et qu’elle est particulièrement rare, seulement 5 exemplaires sont répertoriés, cette montre de plongée, va faire fantasmer les collectionneurs de pièces iconiques !

Le 16 janvier prochain, la maison de vente Artcurial présentera aux enchères la Submariner de Philippe Jeantot, le créateur du Vendée globe !

Un garde-temps qui rappelle que le navigateur a eu une autre vie avant de se consacrer pleinement à la voile et à la navigation : celle d’un plongeur d’élite au service de la Comex.  

par Justine Lamarre

Légende de la voile française, Philippe Jeantot a écrit les plus beaux chapitres de l’histoire du tour du monde en solitaire. Célèbre dans le monde de la navigation pour avoir créé la course mythique du Vendée Globe, ce tour du monde en solitaire sans escale ni assistance, Philippe Jeantot est l’un de ces aventuriers au destin extraordinaire.

Une célébrité qui fait trop souvent oublier que cet outsider de la mer a eu une autre vie avant de se consacrer pleinement à la voile et à la navigation : celle d’un plongeur d’élite au service de la Compagnie Maritime d’Expertise de Marseille.  

« Un gars très calme qui sait ce qu’il veut. Un patron. Le plongeur 18/20 »

Henri-Germain Delauze, à propos de Philippe Jeantot

L’UN DES MEILLEURS PLONGEURS DE L’HISTOIRE DE LA COMEX

« Un gars très calme qui sait ce qu’il veut. Un patron. Le plongeur 18/20 », ce sont les mots qu’utilise Henri-Germain Delauze pour évoquer la personnalité de l’un de ses meilleurs éléments : Philippe Jeantot, définitivement l’un des plus grands plongeurs de la Comex. 

C’est après son service militaire effectué au Sénégal, que Philippe Jeantot intègre la Compagnie Maritime d’Expertise basée à Marseille. Ce garçon qui « avait la rage d’aller profond » disait Henri-Germain Delauze, va devenir l’un de ses meilleurs éléments.

Ses performances vont être saluées en 1976, année qui marque l’histoire de la Comex par un évènement inédit et unique : les Comex Awards. 

Pour la première fois, la Compagnie Maritime d’Expertise organise un concours pour récompenser ses meilleurs plongeurs. Les hommes de Delauze sont évalués selon le nombre d’heures de travail effectuées sous l’eau. Avec plus de 112 heures de travaux sous-marins Philippe Jeantot se classe 5ème (112h14) parmi les meilleurs plongeurs de l’année, derrière J.M. Dutriaux (126h), J. Formato (118h23), G. Riehm (117h20) et Baldock (114h36)

Ces 5 plongeurs reçoivent en dotation le 28 janvier 1977 une montre Rolex Submariner ref. 1680 gravée au dos de leur nom et de la date de remise officielle. 

Notre exemplaire, gravé au dos « P. Jeantot », provient d’un collectionneur privé qui l’a acquis directement en 1978 auprès de l’ancien plongeur. 

Cette montre de dotation est particulièrement rare car la Comex n’a jamais renouvelé ce prix, ainsi seul 5 exemplaires portant au dos la gravure « Comex services 28.1.77 » existent. A ce jour, seule la montre ayant été offerte à Jean-Marc Dutriaux est réapparu sur le marché et fut présentée en vente aux enchères par la maison Antiquorum deux fois, le 20 mars 2010 à Genève (lot 208) et le 28 juin 2015 à Hong Kong (lot 505).  

Notre exemplaire, est la deuxième montre à réapparaitre sur le marché.

Surprenante, cette Submariner ref. 1680, est un modèle peu habituel parmi toutes les montres délivrées à la société marseillaise. N’étant pas équipé de valve à hélium pour résister à la pression hyper barre, c’est le modèle le moins adapté aux exigences de la Comex. Ainsi, on estime que parmi les rares Submariner qui auraient été livrés à la Compagnie Maritime d’Expertise par Rolex, la plupart aurait été ensuite offertes par la société à ses partenaires, ses clients ou à ses plongeurs. 

Plongeuse culte produite de 1967 à 1975, la réf. 1680 est le premier modèle Submariner avec date à être équipé de la fameuse loupe Cyclope. Notre exemplaire, dit Sub Red, est particulièrement recherché par les collectionneurs car il n’a été produit que jusqu’en 1973.   

Accompagnée d’une lettre signée de la main de Philippe Jeantot confirmant la vente de cette montre le 12 juillet 1978 sera remise à l’acquéreur. 

Philippe Jeantot quitte la Comex vers 1978 après avoir participé à la Mission expérimentale Janus IV, expérience historique réalisée à l’automne 1977 au large des côtes varoises. Cette plongée, la plus audacieuse et la plus risquée qu’ait engagée la Comex, a marqué toute une génération de plongeurs et a contribué au développement de la plongée profonde.  

Ayant atteint une position hiérarchique stratégique au sein de la Comex, son départ surprendra Henri-Germain Delauze qui reconnait dans le film « Au bout de mes rêves » dédié à Philippe Jeantot : « Ça a été une surprise. Déçu parce que j’aurai bien aimé le garder, et content qu’il mène bien sa vie et qu’il aille s’amuser après tant d’années de travail et de dévouement ». 

Pour allez plus loin, le film « Au bout de mes rêves », réalisé par Olivier Champeaux en 2007, retrace le parcours hors norme de Philippe Jeantot après sa carrière à la Comex.