LA CRÉATIVITÉ HORLOGÈRE DE JEANNE TOUSSAINT AUX ENCHÈRES

Une création de Cartier conservée depuis 1976 par les héritiers de la Panthère…

Le 17 novembre prochain, sous le marteau de Rodolphe de Maleingreau d’Hembise, sera dispersée une montre insolite figurant une grue en bronze doré et émaux cloisonnés. Cet objet rare et inédit a appartenu à Jeanne Toussaint, figure légendaire de la maison Cartier, dont elle fut la directrice artistique de 1933 à 1970.

Alors que le monde de la joaillerie s’apprête à célébrer, en 2026, le cinquantième anniversaire de la disparition de Jeanne Toussaint, l’apparition de cet objet insolite sur le marché suscitera sans doute l’émotion des collectionneurs. Aujourd’hui reconnu pour sa créativité hors pair et le rôle essentiel qu’elle a tenu chez Cartier, son acte de décès fait pourtant mention d’une femme « sans profession », un témoignage qui en dit long sur la reconnaissance tardive de son œuvre.

Conservée dans la famille de celle que l’on surnommait « La Panthère » depuis son décès, le 7 mai 1976, la pièce figurait à l’inventaire de succession établi par l’expert en arts d’Extrême-Orient Guy Portier, où elle était décrite comme « un oiseau en émaux cloisonnés monté en montre »

À l’origine, cette grue formait, avec deux autres oiseaux, les trois supports d’un brûle-parfum chinois du XIXᵉ siècle. Sa transformation en pendulette aurait été réalisée vers 1942 dans les ateliers de Cartier, à la demande même de Jeanne Toussaint. 

Si cet objet est si émouvant, c’est parce qu’il révèle l’importance fondamentale de ce que l’on qualifierait aujourd’hui de « customisation » dans le travail de Jeanne Toussaint. Créatrice instinctive, déjà chez Chanel elle façonne des prototypes en décousant puis en réassemblant des éléments existants. Parce qu’elle ne sait pas dessiner, elle crée « en faisant ». Cet objet transformé — un artefact d’art asiatique ancien revisité par les ateliers Cartier — constitue un témoignage précieux de ce processus créatif singulier. Jeanne Toussaint cherche, expérimente, essaye, jusqu’à faire émerger un objet qui, stylistiquement, produit quelque chose de nouveau.

Alliant traçabilité irréprochable et valeur symbolique, cette pièce horlogère témoigne de la place centrale de l’oiseau dans l’univers de Jeanne Toussaint — symbole qu’elle exploita magistralement durant la Seconde Guerre mondiale à travers ses créations emblématiques, L’Oiseau en cage et L’Oiseau libéré, métaphores poétiques de l’Occupation et de la Libération. Estimée entre 40 000 et 80 000 €, cette œuvre singulière sera mise en vente en Belgique, pays natal de Jeanne Toussaint. 

Information sur la vente :
Haynault Ventes Publiques | 17 novembre 2025

Lien vers la vente : ici.


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