QUI SONT LES LEADERS DES ENCHÈRES HORLOGÈRES EN FRANCE ?

Selon le dernier rapport du conseil des ventes*, il y aurait 482 maisons de ventes aux enchères en France. Si la plupart d’entre elles proposent régulièrement des montres et des pièces d’horlogerie, seule une poignée d’acteurs possède un département dédié aux montres de collection. Connaissez-vous les maisons de ventes les plus renommées ? Depuis quand ont-elles investi le secteur des montres de collection ? Quelles sont leurs particularités ?

TOUR D’HORIZON DES MAISONS FRANÇAISES LES PLUS PERFORMANTES

AGUTTES, LEADER EN FRANCE

Fondée en 1974 à Clermont-Ferrand et installée depuis 1995 à Neuilly-sur-Seine, Aguttes est une maison de ventes française, indépendante et familiale. Dirigé par Claire Hofmann, le département organise 8 ventes par an en alternant ventes aux enchères traditionnelles et ventes 100% digitales.

En 2024, la vente d’une montre Rolex Daytona 6262 Dark Chocolate Dial pour 705 399 € permet à Aguttes de remporter la palme de la plus belle enchère horlogère en France. L’année 2025 s’annonce déjà prodigieuse puisque sur la période janvier-juillet, Aguttes totalise un résultat de 1,8 million d’euros (frais inclus) avec plus de 300 montres présentées aux enchères, et un taux de vente de 91%. Parmi les montres les plus excitantes, la maison continue d’exceller dans la catégorie Rolex Vintage avec notamment la vente d’un Daytona 6264 Champagne Dial le 25 mars 2025 pour 223 600€. Autre belle surprise avec Cartier, et sa très rare Crash Watch, un collectible sur laquelle la maison s’est démarquée à 2 reprises. La première fois avec une Crash en or jaune provenant d’une série limitée de 400 pièces produite en 1991 et vendue 305 500€, la seconde pour une Crash en or blanc et diamants référence 2462 et vendue 119 600€ !

ARTCURIAL, UN POSITIONNEMENT STRATÉGIQUE À MONACO

C’est en 2003, un an à peine après sa création et sous l’impulsion de l’expert Romain Réa, qu’Artcurial se lance dans les ventes aux enchères de montres de luxe et de collection. Aujourd’hui, la première maison de ventes française donne rendez-vous aux amateurs deux fois par an à Monaco, et propose également 2 ventes 100% digitales.

Si l’année 2024 a été marquée par la vente, pour plus d’un demi-million d’euros, d’une montre Lip ayant appartenu au Général de Gaulle, en 2025, c’est sur Rolex et Patek Philippe qu’Artcurial signe ses plus belles performances : 249 280€ pour un Daytona Paul Newman ref. 6240, 154 816€ pour un chronographe à quantième perpétuel Patek Philippe réf. 3970 en version platine, ou encore 111 520€ pour une Nautilus Jumbo 3700 en acier provenant directement de son propriétaire d’origine. Depuis le début de l’année, Artcurial a organisé 5 ventes et présenté aux enchères 315 montres, dont 70% furent vendues pour un montant total de 2,4 millions d’euros (frais inclus). À noter qu’il y a quelques années, la maison a osé se positionner audacieusement dans le secteur de l’horlogerie féminine en créant un rendez-vous dédié : le Temps est Féminin.

OSENAT, UNE MONTÉE EN PUISSANCE HORS PAIR

Fondée par le commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat en 1975, la maison éponyme est l’une des plus actives dans le secteur des ventes aux enchères de montres. Réputée pour ses ventes Automobiles de collection et Empire (lors desquelles réapparaissent des souvenirs historiques inédits !), la maison Osenat s’est lancée en 2018 dans la spécialité Montres de Collection.

Dirigé par le spécialiste Hugo Page, le département organise 8 ventes aux enchères chaque année ! Un rythme effréné qui a permis depuis janvier dernier à cette maison française installée à Paris, Fontainebleau et Versailles, de vendre plus de 600 montres pour un résultat de 1,8 million d’euros ! Si en 2024, c’est sur un modèle Richard Mille RM035 qu’Osenat a décroché son plus beau résultat (114 660€), c’est sur le segment des montres de 20 000 à 50 000€ que la maison tire son épingle du jeu en 2025 : Rolex Sea-Dweller de 1981 vendue 23 940€, Cartier Tortue Quantième Perpétuel en platine de la très chic Collection Privée Cartier Paris vendue 44 100€ ou Audemars Piguet Royal Oak ref. 15450ST vendue 34 020€. Pour Hugo Page, ce premier semestre 2025 démontre qu’après « un début 2024 compliqué, le marché est désormais en croissance, comparable à celui de 2018 ». C’est d’ailleurs Osenat qui inaugurera les enchères de la seconde partie de l’année avec une vente programmée le 19 septembre prochain !

TAJAN, LE RENDEZ-VOUS DES CONNAISSEURS

Nom incontournable dans le monde des enchères, la maison Tajan était en l’an 2000, avant l’ouverture du marché à la concurrence internationale, la plus grande étude de commissaires-priseurs en France. Si la maison est active depuis 1995, c’est véritablement en 2010 que le département Montres de Collection fut créé et confié à l’experte Géraldine Richard. Tajan orchestre 5 à 6 ventes par an, dont deux ventes « de prestige », en juillet et décembre, lors desquelles la maison vend les montres les plus importantes.

Rassemblant une sélection exigeante avec des montres à la traçabilité irréprochable, Tajan fait le pari de l’ultra-select afin de capter l’attention des collectionneurs les plus exigeants. Une stratégie du Less is More qui s’avère payante puisque sur sa première vente de prestige de l’année, le 8 juillet dernier, le département a présenté 104 montres et réalisé un produit de vente de 537 920€ avec 97% de lots vendus ! Une belle performance qui s’explique par 4 critères sur lesquels Géraldine Richard ne transige jamais : l’attractivité des modèles, une provenance irréprochable, un bel état de préservation et des estimations en adéquation avec le marché. Parmi les « top lots » vendus cette année, les amateurs ont certainement remarqué la fameuse Rolex GMT-Master ref. 1975 habillée d’un cadran mat première génération « Long E ». Provenant de son propriétaire d’origine, un archéologue qui avait naturellement pris soin de conserver l’intégralité des documents Rolex d’époque, cette montre s’est vendue 16 625€. Elle avait été acquise en 1970 par son seul et unique propriétaire auprès de la bijouterie Léon, un revendeur parisien historique en activité depuis 1907. Un modèle Réveil du Tsar 5707 signé Breguet, en version or jaune et provenant d’une collection particulière, s’est vendu 22 304€, un résultat particulièrement fort en comparaison des prix généralement obtenus aux enchères pour ce modèle note Géraldine (généralement autour de 17 000€). Côté horlogerie ancienne, une pièce de la première moitié du 19ᵉ siècle signée Perrelet (Louis-Frédéric), formé auprès de Breguet, Horloger du Roi et grand inventeur, s’est également vendue 6 822€, le quintuple de son estimation !

BONHAMS CORNETTE DE SAINT CYR, TRADITION ANGLO-SAXONNE ET FRENCH TOUCH

Depuis 2022, Bonhams a consolidé son implantation en France grâce au rachat de la maison familiale Cornette de Saint Cyr. Fondée en 1973 par le célèbre commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr, cette étude parisienne a fait de l’art contemporain et du design deux de ses spécialités de prédilection, en se positionnant occasionnellement sur le secteur de l’horlogerie avec des ventes événements comme la collection Alain Delon en 2012. Leader au Royaume-Uni dans la spécialité Montres de Collection, Bonhams a ouvert en 2022 un département horlogerie à Paris et en a confié les rênes à Alexandre de Lamberterie, qui a fait ses armes dans l’industrie horlogère avant de se consacrer aux montres de collection il y a quelques années.

Avec 8 ventes programmées chaque année, Bonhams Cornette de Saint Cyr a orchestré 4 ventes aux enchères sur la période janvier-juillet 2025, et vendu 300 montres pour près d’un million d’euros (frais inclus). Parmi les rendez-vous les plus marquants de ce début d’année, il y eut A Curated Selection of Gerd-Rüdiger Lang’s Timeless Masterpieces, premier chapitre de la dispersion de l’immense collection du fondateur de la marque ChronoSwiss. Gerd-Rüdiger Lang est considéré comme l’un des acteurs important du renouveau de l’horlogerie mécanique après la crise du quartz. L’une de ses montres, un chronographe de dame des années 1940 (lot 3063) a d’ailleurs été acquis par le Patrimoine Universal Genève durant la vente. Parmi les plus beaux résultats, on se souvient d’un Daytona 6263 vendu 53 740€, ou encore d’un chronographe Royal Oak ref. 26240OR en or rose avec fonction flyback vendu 51 200€. Le chiffre à retenir est certainement 38 400€, un étonnant record pour une montre rare signée de l’horloger indépendant suisse Paul Gerber, connu notamment pour avoir réalisé la plus petite horloge en bois du monde et la montre la plus complexe jamais construite en termes de nombre de composants.