Cette année, Breguet n’aura jamais fait autant d’heureux en salle de ventes. Pur hasard ou étrange coïncidence, l’année du 250ᵉ anniversaire de cette maison historique est marquée par l’apparition en ventes publiques de plusieurs pièces importantes, toutes inconnues du marché !

Après l’insolite héritage de Delphin-Jean Gastellier, dispersé par l’Hôtel des Ventes Giraudeau à Tours le 14 juin dernier, c’est la commissaire-priseur Astrid Guillon, qui a redécouvert dans sa région, la Franche-Comté, un modèle rare signé Breguet et ayant appartenu au Colonel Frédéric Curie, une figure de la résistance. Cette montre, chargée d’histoire, fut présentée aux enchères par la maison Aguttes le 1ᵉʳ juillet dernier. Produit en 1956, ce modèle avec calendrier et phases de la lune est peu courant et provient probablement d’une toute petite série de montres réalisées dans les années 1950. D’ailleurs, à ce jour, un seul modèle similaire a refait surface sur le marché. Ce précieux garde-temps, numérotée 1326 sur le cadran, n’a donc pas manqué d’enthousiasmer les collectionneurs et s’est vendue 55 900€, soit le triple de son estimation ! 

Le seul autre exemplaire connu de ce modèle fut vendu le 16 mai 2016 à Genève par Christie’s (lot 131). Estimée entre 15 000 CHF et 25 000 CHF, la montre (numérotée 1039) s’était envolée pour 137 000 CHF ! 

Au-delà de la légère différence de design au niveau des cornes du boîtier, c’est surtout l’état de préservation remarquable qui permet d’expliquer ce prix record. Dans la notice rédigée par Christie’s en 2016, une mention précisait que cette montre faisait « partie d’une série très limitée, comptant probablement seulement cinq exemplaires ».

Si le Colonel Frédéric Curie est tombé peu à peu dans l’oubli, comme beaucoup trop de héros de la Seconde Guerre mondiale, sa vie et sa carrière sont extrêmement bien documentées. Toutes ses archives personnelles sont aujourd’hui conservées par son arrière-petit-neveu Frédéric Plancard, historien et journaliste à L’Est Républicain, qui a coécrit l’ouvrage Le régiment de sapeurs-pompiers de Paris (1939-1945) publié en 2019 par la Mairie de Paris. 

C’est en 1934 que Frédéric Curie intègre le régiment de sapeurs-pompiers de Paris. À partir de 1941, il va mettre sur pied un réseau de résistance qui sera baptisé officiellement « Sécurité-Parisienne » en janvier 1944.

Grand amateur d’automobiles et de montres, comme le démontre le tirage de 1956 du studio Harcourt, où le Colonel Curie apparaît avec à son poignet une élégante montre de ville, il s’était offert cette Breguet pour la somme de 80 000 francs en octobre 1956, soit quelques semaines avant sa disparition le 16 décembre de la même année. Sa femme Hélène décédera 37 ans plus tard en 1993. Le couple n’ayant jamais eu d’enfants, cette montre fut conservée dans la famille du Colonel Curie jusqu’à sa mise en vente par ses héritiers.

La maison internationale Sotheby’s a déjà annoncé une vente-évènement pour l’automne 2025 ! Organisé à Genève, en collaboration avec la Maison Breguet, ce rendez-vous sera certainement un moment important puisque la dernière vente horlogère d’envergure dédiée exclusivement à Breguet a eu lieu il y a plus de 30 ans !