LA SÉLECTION « ANTI-MAINSTREAM » DE L’ÉTÉ

En horlogerie, il y a des montres qui rassurent :  Daytona, Nautilus, Royal Oak… Parce qu’ils existent depuis un demi-siècle ou plus et sont toujours présents dans les collections actuelles, ces modèles sont estampillés « valeurs sûres » par les connaisseurs. Mais pour les anti-hype en quête de pièces encore « sous les radars » ou de séries rares, voici 5 montres à ne pas laisser passer !

Ce Tri-Compax avec cadran Panda inversé est surnommé « Evil Clapton » par les connaisseurs. La raison ? Ce modèle identifié sous la référence 881101/02 dans les collections d’Universal Genève fut, à son lancement vers 1966, immédiatement adopté par Eric Clapton, déjà grand collectionneur de montres. D’ailleurs, sur une photographie mythique qui immortalise la rencontre entre Eric Clapton et Jimi Hendrix en mars 1967 à Londres, Eric Clapton apparaît avec le fameux Tri-Compax 881101/02 au poignet. Toujours au catalogue de la marque en 1976/1977, ce modèle disparait ensuite des collections Universal Genève sans que l’année exacte de fin de production ne soit précisément déterminée. Ce chrono collector séduira les amateurs de vintage en quête d’une pièce pointue (estimation de 15 000 / 20 000€).

Fondée en 2004, Romain Jerome bouleverse les codes de l’horlogerie avec le concept « DNA of Famous Legends ». S’appropriant des personnages de jeux vidéo, les héros de Marvel ou s’inspirant d’évènements historiques marquants comme le naufrage du Titanic, la marque se nourrit de références multiples issues de la culture populaire pour développer des montres originales. Cette approche, aussi ludique que décalée, donne aux garde-temps Romain Jerome un style inimitable. En 2011, Romain Jerome sort sa première montre «Space Invaders™» dont le cadran coloré l’univers du jeu vidéo japonais éponyme sorti en 1978. En 2017, la manufacture récidive avec 2 nouvelles séries en titane et en acier, chacune limitée à 78 pièces (subtil clin d’œil à l’année de lancement du jeu : 1978). L’exemplaire présenté par Artcurial, issu de la série en titane, est offert pour la première fois en vente aux enchères (estimation 3 000 / 5 000€). 

Passionné d’horlogerie traditionnelle et incollable sur les grands horlogers du 18ᵉ siècle et leurs géniales inventions ? Cette pièce signée Urban Jürgensen risque de vous taper dans l’oeil! Prestigieuse signature scandinave, Urban Jürgensen est né en 1776 à Copenhague. Fils de l’Horloger du Roi du Danemark, il a 20 ans lorsqu’il arrive en Suisse pour perfectionner sa technique. Il rejoint ensuite Paris et intègre l’atelier d’Abraham-Louis Breguet, puis s’installe à Londres où il excelle dans la réalisation de chronomètres de marine. En 1801, Urban Jürgensen regagne Copenhague, il est nommé Horloger du Roi en 1815. Grand inventeur, il a contribué au développement de l’horlogerie moderne en introduisant plusieurs innovations, dont l’échappement de chronomètre à double roue. Si la maison perdure après le décès de son fondateur, elle sombre dans l’oubli au 20ᵉ siècle. Mais, dans les années 1980, cette signature revient en force sur le secteur de la haute horlogerie grâce au rachat de la marque par deux horlogers de génie : Peter Baumberger et Derek Pratt. Avec la collaboration du talentueux Kari Voutilainen, Urban Jürgensen se renouvelle avec des pièces aussi techniques qu’esthétiques dont cette montre est une merveilleuse illustration. Baptisé Référence 3, ce modèle est un oiseau rare. Dévoilé en 1993, il fut produit en très petite série (probablement moins de 100 exemplaires !) et la montre présentée chez Artcurial est offerte pour la toute première fois aux enchères (estimation : 45 000 / 65 000€). Le dernier exemplaire présenté en vente publique (le numéro 045) fut vendu à Genève en novembre 2024 pour 76 200 CHF lors de la vente Reloaded : The rebirth of mechanical Watchmaking 1980-1999.

Nostalgique des années De Gaulle ? Alors ce prototype R27 est fait pour vous, car il est similaire au modèle ayant appartenu au Général de Gaulle. Vendue 537 920€ par Artcurial le 16 décembre 2024, la montre de l’ancien Chef d’État français possédait un cadran patiné avec des index légèrement différents, mais au dos on y retrouvait exactement la même mention : « Patents pending ». Dans l’industrie horlogère, cette formule signifie qu’une demande de brevet a été déposée, mais n’a pas encore été officiellement accordée. Cette inscription permet donc d’établir que la montre est un exemplaire manufacturé avant le lancement officiel du modèle. À ce titre, cette Lip peut donc être considérée comme un prototype. La montre présentée chez Artcurial est accompagnée d’une lettre manuscrite du vendeur, un collectionneur parisien né vers la fin des années 1950, qui dévoile comment il fit l’acquisition de cette montre en 1990… Jamais porté, ce modèle R27 est dans un état New Old Stock remarquable (estimation 4 000 / 6 000 €).

L’histoire d’amour entre Hermès et l’horlogerie commence dès les années 1920 avec le modèle Ermeto, une montre de sac aussi pratique que discrète. Si la marque produit essentiellement à ses débuts des montres de golf et des pendules de bureau, les montres-bracelet prennent rapidement une grande importance et la recherche de design singuliers devient un impératif pour la maison. Cette montre « Boucle », présentée sur la vente Le Temps est Féminin, apparaît pour la première fois dans les collections de la maison Hermès en 1958. Réalisé par l’atelier d’Étienne Encausse et Albert Krasker, le boîtier de cette montre à secret est aussi original que sophistiqué dans sa conception. Orfèvre pour les grands joailliers de la place Vendôme, Encausse & Krasker livra des boîtiers de montres, ainsi que des mouvements horlogers, à Van Cleef & Arpels, Boucheron ou encore René Boivin. Cette montre-bijou vintage est un bel exemple du style Hermès des sixties (estimation 1 500 / 2 000€).


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